Le « recensement » romain de 1527

L’année 1527 fut sans doute l’une des pires de l’histoire de la Ville éternelle.

Le sac de Rome, oeuvre des armées de Charles V et de ses Lansquenets,  fut, pour l’histoire de la ville et de la chrétienté, un tournant majeur.

En effet, après une attaque « par surprise », pendant plusieurs mois, la ville fut pillée, détruite, occupée. Ses habitants devinrent objet de toute sorte d’atrocité. Les historiens calculent que la population de la ville fut réduite de moitié à la suite des événements. Le Pape, captif dans le château, réussit enfin à s’évader travesti en simple curé. Après des mois d’occupation, les épidémies commencèrent à sévir.

La population de Rome mit environ un siècle pour se remettre de ce désastre, un cataclysme pour l’époque.

Sacco_1527_Sant-Angelo

Je voudrais signaler aux généalogistes s’intéressant à l’Italie, un document d’un grand intérêt, dont une étude critique n’est pas disponible en français.  Il s’agit de la « descriptio urbis », sorte de recensement de la population de la ville de Rome, effectué par les autorités juste avant le sac de mai 1527. Les historiens, en confrontant la présence sur le document de cardinaux décédés pendant le sac, et en croisant plusieurs sortes de données, ont conclu que le document aurait été rédigé dans les mois qui ont précédé le sac.

Il ne s’agit pas véritablement d’un recensement de population ou d’un état des âmes, car pour chaque feu nous connaissons uniquement l’identité, le lieu de naissance, parfois l’âge ou le métier du chef, ainsi que le nombre des « bouches ».  En revanche, en l’absence de toute source plus exhaustive et globale pour l’ensemble de la ville, il s’agit d’un document d’un grand intérêt.

Ce qui m’a frappé, est que les caractéristiques de la ville en 1527 resteront « grosso modo » les mêmes jusqu’à 1870, année où prit fin le pouvoir temporel des souverains pontifes :

  • forte présence et dynamisme économique des colonies étrangères (en incluant dans cette catégorie aussi les Italiens originaires des autres Etats de la péninsule)
  • concentration de la population dans les quartiers entourés par la boucle du Tibre et en face du Vatican
  • population majoritairement masculine, avec un grand nombre de célibataires
  • importance (en nombre de « bouches ») non seulement de la cour pontificale mais aussi de chaque cour cardinalice
  • forte présence de prostituées et courtisanes.

Les informations concernant les métiers exercés par les chefs de maison sont assez rares, mais elles nous permettent non seulement d’établir des proportions (forte présence de tailleurs, par exemple), mais aussi de situer certaines professions dans l’espace urbain, puisqu’il apparaît assez clairement que certains métiers étaient concentrés dans des quartiers (et parfois même des rues) spécifiques.

 

Il est évident que ces données ne sont pas directement exploitables par le généalogiste, mais elles représentent une source fascinante pour appréhender l’histoire de cette ville au XVIe siècle, juste avant l’un des événements les plus bouleversants de son histoire.

L’historien français Jean DELUMEAU a étudié longuement la situation de Rome pendant la renaissance,  et dans ses ouvrages nous trouvons de nombreuses références à la « descriptio urbis ». Plus particulièrement, le sujet est traité dans « Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du XVIe siècle ».

En revanche, les seules études critiques actuelles sont l’oeuvre de l’Anglais Egmont LEE « Descriptio Urbis : The roman census of 1527 « (1985) et de l’Italien L. LIVI  » Un censimento di Roma avanti il Sacco borbonico: saggio di demografia storica, in «Giornale degli economisti e Rivista di Statistica», s. III, XLVIII, 1914, pp. 1-100.

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Liste (non exhaustive) de patronymes déjà étudiés.

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